L’utilisation de l’écran électronique comme toile dynamique permet de peindre directement avec la lumière. Il est important de préciser que la peinture de lumière est en aucun cas le résultat de processus aléatoires ou de formules fractales produits par des systèmes informatiques. Bien au contraire, elle révèle le franchissement d’un palier dans l’histoire de l’expression picturale. Elle intègre les techniques classiques de l’art pictural aux outils technologiques modernes. La peinture de lumière est entièrement réalisée à la main avec un pinceau électronique. Une interface informatique permet d’enregistrer et de superposer tout les mouvements du pinceau.Préliminaire chromatiqueL’utilisation de l’écran électronique et la faculté d’intégrer le mouvement dans la structure picturale signifie la disparition de la profondeur et de la qualité substantielle des pigments naturels. Confronté à des couleurs digitales sans complexité et sans profondeur, l’artiste doit résoudre l’énigme de cet aspect morbide et trouver le moyen de réinsuffler une vie intérieure à la couleur. La qualité et la profondeur d’une couleur révèlent les processus et les douleurs de sa genèse. Sa profondeur est liée à sa biographie. Un homme à la biographie stérile et à la vie creuse est un homme sans profondeur et sans caractère. Cet homme plat et vide est à l’image d’un pigment synthétique à la genèse techno-industrielle. Ce pigment dit « de synthèse », au même titre que la lumière électro-magnétique de l’écran électronique, produit une couleur parfaite, plate et sans histoire. Le pigment issu de processus naturels possède une profondeur, il exprime une aventure. La vie de la couleur est une « symphonie » intérieure complexe. Contrairement à une couleur acrylique, la couleur de chaque fleur produit un spectacle chromatique éblouissant. Le pigment naturel est produit par “l’ensorcellement” de la lumière dans la substance. Au cours de processus biochimiques complexes, la lumière produit des processus cataboliques finement destructeurs. La vie meurt dans les arômes, dans les couleurs, dans les odeurs. La couleur exprime le combat tragique entre Lumière et Ténèbre (Goethe). Pour l’artiste, la création à partir d’une lumière technologique morbide doit induire une réflexion fondamentale : comment produire une profondeur chromatique ? … Par quels moyens insuffler une dignité chromatique à l’œuvre ? La connaissance de la genèse des pigments naturels est indispensable. L’observation intensive d’une couleur permet de découvrir ses secrets dynamiques et temporels. Les mouvements et la vie intérieure d’une couleur nous dévoilent sa biographie. La profondeur temporelle d’une couleur se traduit par une structure complexe et nuancée de vitesses variables. C’est le fondement de la perspective intensive, la création de l’espace qualitatif. Une couleur morte qui reprend vie exprime un périple particulier. L’artiste devrait puiser les couleurs de son œuvre holocinétique au sein du monde spirituel. Cette activité oblige l’artiste à s’intégrer totalement dans la profondeur et la vie des couleurs jaillissent de lui dans des instants de Grâce. L’artiste devient Lumière du monde. Cette démarche produit la qualité chromatique indispensable à la création de l’œuvre picturale holocinétique. La biographie humaine devient biographie de la couleur. Sur le plan technique, la profondeur d’une couleur électronique peut être obtenue par la superposition de voiles colorés, structurés et nuancés par la main humaine. Chaque voile qui vibre et pulse à des rythmes particuliers laisse plus ou moins apparaître d’une manière dynamique les couleurs se trouvant à l’arrière plan. Les voiles sont comme les couches mémoires d’une biographie, …une étape, une douleur, une joie se superposent, interagissent et forgent un caractère.Pour intégrer vie et profondeur à la couleur digitale, il est nécessaire de l’engendrer à l’image d’un être vivant. Cette naissance nécessite une attention délicate et une grande responsabilité. La couleur élevée à la dignité chromatique permet le déploiement du langage pictural. Acte picturalLes connaissances scientifiques sont un enrichissement de l’art holocinétique. La géométrie, les mathématiques, l’astrophysique, la médecine, la physiologie, les fonctions et les processus de métamorphose des formes et des couleurs, l’expression des lois musicales dans les processus chimiques et biochimiques: valence des éléments, sympathie et antipathie qu’ils se portent, cohésion dans les structures moléculaires, les arpèges d’accords musicaux, harmonie équilibrée de l’octave et octet périphérique, …tableau de Mendeleïev et solfège… Le langage pictural est le moyen par lequel le Logos, le Verbe cosmique, produit formes, couleurs et métamorphoses dans le monde. Ces éléments picturaux interagissent selon une sagesse précise : alphabet, orthographe, syntaxe, ponctuation. Ils se structurent selon une pensée, un sentiment et une volonté poétique.La maîtrise progressive de ce langage amène l’artiste d’un balbutiement formel à la richesse d’une poésie infinie. Les lois de cette langue peuvent être observées et étudiées aussi bien dans la nature que dans notre monde de pensée, de sentiment et de volonté. L’œuvre picturale, comme l’a si bien caractérisé Paul Klee, se compose d’un squelette, de tendons, d’une musculature, d’organes, etc. L’œuvre exprime le Verbe créateur de l’artiste. Lorsque la poésie picturale se met en mouvement elle devient peinture holocinétique. Si la peinture holocinétique se fige dans l’instant, elle devient peinture digitale immobile. Genèse d’une peinture de lumièreLa couleur ennoblie est mise en forme. À l’image d’un organe particulier, cette forme intègre un biorythme, une contraction et une expansion rythmée : « processus - couleur - forme - rythme ». Chaque organe « pictural » est formé séparément et intégré dans un organisme qui le dépasse. Un être de pensée et de lumière prend vie. La métamorphose des plantes et l’étude de l’embryogenèse selon les différentes médecines est une aide non négligeable pour l’accomplissement de cette étape. La poésie particulière du tableau holocinétique s’exprime par vie et mort d’un être de lumière. La vie d’un être de lumière oscille entre processus organiques en devenir et structures géométriques devenues. Au cours du développement de l’organisme de lumière, des « pathologies » picturales sont intégrées. Ces déséquilibres chromatiques et formels sont résolus par des procédés thérapeutiques picturaux. L’activité de l’être de lumière se déploie dans une structure architectonique changeante. Celle-ci révèle le terroir particulier du tableau et ses différentes nuances au fil du temps. Les possibilités sont infinies. K-soul